Bancel Nicolas, Blanchard Pascal, Boëtsch, Bolz Daphné, Gastaut Yvan, Lemaire Sandrine, Mourlane Stéphane (dir.), 2023, Une Histoire mondiale de l’Olympisme 1896-2024, Neuilly, Atlande.

Antoine Guillemet

Doctorant au Laboratoire C3S – Culture, Sport, Santé, Société à l’université de Franche-Comté sous la direction d’Éric Monnin.

Recension dans le Dossier 34.1, juillet 2024, “Sports, jeux et olympisme. Mens critica in corpore sano” sous la direction de Renaud David et Eric Monnin

Réalisé dans le cadre du programme « Histoire, Sport & Citoyenneté. Des Jeux olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 », cet ouvrage est une collection de 32 textes, divisé en 6 parties et autant de périodes, qui retracent l’histoire des Jeux olympiques modernes et le contexte historique dans lequel ils s’inscrivent. Du rétablissement des Jeux olympiques à la fin du XIX^e siècle aux enjeux actuels de Paris 2024, ce livre offre une lecture à part de près de 130 années d’histoire moderne, vues à travers le prisme de l’olympisme et des Jeux. On y traverse les grands bouleversements du XX^e siècle, des deux guerres mondiales, l’avènement d’un monde multipolaire, des expositions universelles au consumérisme mondialisé dont les Jeux se feront le reflet, en passant par l’affrontement des blocs Est et Ouest pendant la guerre froide et les changements sociétaux profonds qui émergèrent à la fin des années 1960.

La variété des auteurs et donc des points de vue, la taille conséquente de l’ouvrage (474 pages) rendent caduque l’idée d’en proposer ici une synthèse. On soulignera cependant le caractère accessible et la grande clarté des articles. La présentation chronologique permet de s’y plonger par époque ou de lire l’ensemble comme un récit continu. Chacune des 6 grandes parties est ponctuée par des Perspectives, qui permettent un pas de côté par rapport à la période étudiée, en s’intéressant ici aux défis rencontrés par le CIO, là de s’arrêter sur un objet narratif en particulier, comme la tentative soviétique de créer des Jeux olympiques du prolétariat. Ces chapitres offrent autant d’outils de compréhension bienvenus pour appréhender la diversité des sujets et des périodes traversés par l’ouvrage.

Si les 4 premières parties couvrent le développement de l’olympisme au XX^e siècle, l’avant-dernière partie s’attache à ce premier quart de siècle et à la montée en puissance du continent asiatique. La démonstration de force de Pékin 2008, métaphore de l’éveil chinois et de la nouvelle place de l’Empire du Milieu sur l’échiquier mondial et olympique, contraste avec les Jeux de Tokyo 2020, sous cloche et décalés d’un an pour cause de pandémie mondiale de COVID-19.

La dernière partie se penche sur les questionnements actuels. À l’aube de Paris 2024, la difficile mise en équation du développement durable dans le contexte d’un méga-événement comme les Jeux olympiques interroge le modèle économique encore en vigueur. L’inclusivité est abordée par le biais du paralympisme et via un chapitre consacré aux questions de genre. Sur ces sujets, l’ouvrage évite intelligemment des positions trop tranchées.

Mention spéciale aux aspects géopolitiques qui traversent l’ouvrage et résonnent particulièrement dans le contexte actuel. La politisation des Jeux olympiques et l’impossible neutralité du CIO montrent l’équilibre fragile dans lequel le sport mondial doit évoluer. Les Jeux constituent ainsi un miroir de la géopolitique mondiale et le recueil n’élude pas les clivages les plus récents, qu’il s’agisse de la Chine ou de la Russie, démontrant par quelques passages plus pessimistes la nécessité d’un nouveau modèle pour l’Olympisme et les Jeux. L’ouvrage invite alors à la réflexion sur la pérennité d’une organisation née il y a 130 ans mais dont les préceptes initiaux se trouvent détournés au profit du soft power des pays hôtes qui font face à de nouvelles menaces (pandémies, terrorisme, risques économiques, durabilité…).